APPROCHE PSYCHANALYTIQUE DES NOUVEAUX DIAGNOSTICS
MERCREDI 6 JUIN 2018
9h-12h30 / 14h-17h
Des frontières entre le normal et le pathologique ont été établies au cours de l’histoire psychiatrique. Le malade mental a alors été stigmatisé par le diagnostic que l’on a pensé retrouver chez lui : « schizophrène », « maniaco-dépressif », « hystérique » … En faisant une analogie entre trouble mental et maladie organique, on a tenté de soigner et d’éradiquer un processus pathologique. Ensuite, le balayage a-théorique de la psychiatrie a provoqué un glissement des frontières vers une médicalisation à outrance des mécanismes psychiques. Le plus banal est alors devenu un trouble (« disorder ») à traiter. Or, ces discours représentent un bain qui n’est pas sans effets sur les individus qui y baignent. Dans un monde de plus en plus hygiéniste, l’existence ordinaire des hommes ne s’est-elle pas retrouvée codifiée en pathologies où l’individu n’a plus sa part d’implication et de souveraineté dans ce qui lui arrive ? L’aliénation du sujet dans une étiquette diagnostique figée n’exclut-elle pas toute possibilité de mobilisation psychique vers ce qui serait justement la guérison ?
Sigmund Freud avait apporté une approche radicalement différente, en considérant le symptôme, non plus comme le signe d’une maladie à éradiquer, mais comme l’expression d’un conflit inconscient venant dire quelque chose d’un sujet. Poursuivant, Jacques Lacan avait d’abord repéré dans le symptôme un désir de reconnaissance refoulé. Plus tardivement, il avait articulé le symptôme, en tant qu’effet de structure, aux trois registres que sont le réel, le symbolique et l’imaginaire. Aujourd’hui, quelle approche psychanalytique des nouveaux diagnostics (« burn-out », « bore-out », « PTSD des victimes des attentats », « bipolarité », « TDHA », « précocité intellectuelle », etc.…) peut-on proposer ? Comment restituer à l’être parlant une place pour sa singularité ?
Thèmes proposés :
- Nosographie psychiatrique, nosographie psychanalytique et psychopathologie
- Evolution dans l’histoire du normal et du pathologique
- Les effets culturels de l’émergence de la question du symptôme
- La portée des nouveaux diagnostics
- Place aujourd’hui du diagnostic dans les « cliniques »
Intervenants :
Matin de 9h à 12h30
Nicolas Janel[1] : La connaissance paranoïaque, ses rapports au savoir scientifique
André Michels[2]: De la clinique psychanalytique, comme subversion de la norme
Michel Patris[3] : Le pouvoir des classifications
Guillaume Riedlin[4] : Nouveaux diagnostics et place du sujet
Après-midi de 14h à 17h
Philippe Lutun[5] : Neurosciences : quels apports ?
Cyrielle Weisgerber[6] : Les nouvelles étiquettes diagnostiques :
sur quelles brèches colle-t-on des rustines ?
Jean-Richard Freymann[7] : A-t-on abandonné l’inconscient freudien ?
Jean-Louis Doucet-Carrière[8] : discutant
[1] Psychiatre, psychanalyste, Strasbourg
[2] Psychiatre, psychanalyste, Luxembourg, Paris
[3] Professeur de psychiatrie, psychanalyste, Strasbourg
[4] Psychiatre, psychanalyste, Strasbourg
[5] Psychanalyste, médecin, gérant d’Apertura-Arcanes, Strasbourg
[6] Psychiatre, psychanalyste, Strasbourg
[7] Psychanalyste, psychiatre, président de la FEDEPSY, Strasbourg
[8] Médecin, docteur en psychologie, psychanalyste, Sète
Responsables des formations : Philippe Lutun, Khadija Nizari-Biringer