JEAN-RICHARD FREYMANN : ÉLOGE DE LA PERTE — PERTE D’OBJETS, FORMATION DU SUJET
Présentation du livre par l’auteur pour le site d’Apertura-arcanes
Pourquoi cherche-t-on dans le discours courant et à la mode, à oublier l’invention de Freud, les trouvailles de Lacan et tous ces apports des psychanalystes qui élaborent cette « science du particulier » que constitue le champ psychanalytique ? Cet ouvrage renoue et repense le triptyque des névroses, souvent oublié par les étudiants et les gens de culture. éloge de la perte parce que réhabiliter la névrose, c’est tisser la perception des mots et l’objet (lèvres, bouche, aliment) autour d’un manque fondamental. L’hystérie, c’est le gain de la perte du vampirisme et du cannibalisme et, par ailleurs, l’hystérie crée des troubles de conversion.
L’obsessionnel quant à lui a perdu une virginité sexuelle, son traumatisme est ancien, il élabore des symptômes autour de ce qui aurait pu être sa mort, mais ce fantasme lui colle, branché sur la faute du père.
La phobique, quant à elle, trompe le trou ! Elle met en scène le transgénérationnel et le magique par le biais de l’objet et du signifiant phobique.
L’étude de la Ichspaltung a permis de repérer que la perte d’objet est ce qui va se rejouer à chaque naissance d’un signifiant et d’un symbole et que le fétiche est la mise en jeu du pôle objectal et est un essai de ne pas faire tomber l’objet a.
L’ensemble de cet éloge de la perte mène à une hypothèse sur la différenciation des plans et ce à partir du « Champion de jeûne » de F. Kafka :
— D’une part, ce qu’il en est de l’Umwelt (le monde environnant) comme structure de la tragédie de la réalité qui nous environne qui ne saurait toucher directement à l’évolution de la subjectivité. Malgré le pavlovisme actuel, il y a peu de répercussions sur le sujet.
— D’autre part le champ de l’Autre (lieu constituant) qui est déjà l’infrastructure trouée de la demande et de l’échange : quelque chose y est introduit d’un manque, d’une « trouée du langage ».
— Et le troisième niveau est celui du sujet (de l’inconscient) et du symptôme où s’articule la genèse de la perte par rapport à la conjugaison avec le fantasme. C’est à cet endroit que la perte est un gain pour le sujet
Dans l’articulation entre Umwelt, Autre, Innenwelt (monde « intérieur ») se révèle l’objet toujours caché, latent, souvent délirant ou clonique qui est l’objet de la transmission et ses parures modernisées.
Triptyque que nous avons mis à l’épreuve non seulement sur l’axe métaphoro-métonymique, mais aussi sur le « désaxe psychotico-holophrasique »d ès lors qu’on est là, en face non pas d’une perte première mais d’un plein premier (transgénérationnel) dont il s’agit de se débarrasser par … l’analyse du transfert.
« éloge de la perte » semble n’être qu’une élaboration théorique, sans répercussions pratiques, voire dans la quotidienneté. Et pourtant, si l’on regarde autour de nous, l’on mesure que, dès lors qu’un individu se retrouve en position phallique d’une mère, d’une famille, d’une équipe (!), d’une nation, il devient par lui-même l’objet.
à ne pas pouvoir fonctionner du côté de la phallicisation, une suture fonctionne et l’individu devient lui-même l’objet du monde extérieur (Umwelt) et dès lors la seule manière de réintroduire du particulier, c’est le passage à l’acte.