Malaises dans la civilisation et désir de la horde
mercredi 22 janvier 2025 - 9h00 à 17h00
MALAISES DANS LA CIVILISATION ET DÉSIR DE LA HORDE
Mercredi 22 janvier 2025 – 9h-12h30 / 14h-17h – par ZOOM
Pour Freud,[1] la souffrance de l’être humain relève de trois causes : la nature qui peut être bonne ou mauvaise, la caducité du corps et enfin le rapport du sujet à ses semblables. Peut-être peut-on aujourd’hui rattacher à chacune de ces causes les malaises qui inondent notre civilisation.
La crise écologique que nous traversons, rebat, ou devrait rebattre, radicalement les cartes de notre rapport à la nature ; les progrès stupéfiants et combien appréciables de la médecine actuelle pourraient nous laisser accroire à une victoire prométhéenne sur la caducité du corps et la croix[2] qu’elle nous fait porter ; enfin la dimension du lien entre les parlêtres semble de plus en plus délaissée au profit du lien de soi à soi. Le grand Autre qui n’existe pas mais reste le lieu du trésor des signifiants paraît remplacé par le petit autre qui prend la parole à l’envi mais sans se plier aux lois du langage. Nous sommes tous filles et fils du langage et devons donc nous reconnaître dans cette filiation. Dans le mythe de Totem et Tabou, avancé par Freud[3], c’est à partir d’un groupe humain, une horde primitive, placé sous l’autorité d’un père tout-puissant que les fils de cette horde pourront entrer en humanité. Pour cela, les fils de la horde primitive se doivent de tuer le père, un père qui représente une jouissance sans limite. Pourtant ce père ”ne doit pas savoir qu’il est mort” pour que les fils puissent ex-sister. C’est la fonction du Totem qui le permet, le Totem c’est la présence d ‘une absence. Le mot horde désignait au départ un camp militaire, même s’il existait une hiérarchie et un commandement de ce camp, la horde était soumise à une autorité extérieure au camp, une autorité qui la dépassait, la horde était une violence contenue par l’existence-même de cette autorité. La horde humaine a désormais franchi les limites du camp ne se soumettant qu’à la seule autorité qu’elle sécrète et qu’elle s’impose à elle-même. Notre civilisation ne veut peut-être plus se reconnaître dans une filiation à une présence absente. Elle n’accepte plus de se reconnaître comme l’obligée des lois du langage qu’elle doit éternellement aller constituer au lieu de l’Autre. Elle cherche au contraire en permanence des preuves, une garantie de la présence réelle de cet Autre qui n’existe pas. N’est-ce pas là le terreau d’une violence ”hordinaire” ?
Jean-Louis Doucet-Carrière
Intervenants :
Philippe CHOULET, Jean-Louis DOUCET-CARRIERE, Jean-Richard FREYMANN, Benjamin LEVY, André MICHELS, Thierry VINCENT
Bibliographie choisie :
Freud S., Totem et tabou (1913), Paris, Petite bibliothèque Payot, 1990
Freud S., Malaise dans la civilisation (1929), Paris, Puf, 1994
Animateurs de la formation : Frédérique Riedlin et Nicolas Janel
Responsable de la formation : Philippe Lutun 06 07 80 13 22
[1] Freud S., Malaise dans la civilisation (1929), Paris, Puf, 1994, p.21
[2] Valéry P., ”L’homme est sur la croix de son corps. Sa tête accablée est percée par les épines profondes de sa couronne de pensée’‘ dans Œuvres Complètes, tome II, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, p.889
[3] Freud S., Totem et tabou (1913), Paris, Petite bibliothèque Payot, 1990
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Page modifiée le 18 septembre 2024